Histoire de la maison s'Dorfhus
(source : texte de Jean-louis Pflimlin, - 1980 ?)
Koetzingue est un petit village de 300 habitants, situé dans les premiers vallonnements de la bordure Est du sundgau. Le village est blotti au fond du vallon du Muhlbach, dans la vallée du Saurenz, petite rivière dont les eaux se perdent dans les graviers de la forêt de la Hardt.
Koetzingue est un petit village de 300 habitants, situé dans les premiers vallonnements de la bordure Est du sundgau. Le village est blotti au fond du vallon du Muhlbach, dans la vallée du Saurenz, petite rivière dont les eaux se perdent dans les graviers de la forêt de la Hardt.
Koetzingue est situé à 15 Km au Sud de Mulhouse, à peu près au centre du triangle Mulhouse - Altkirch - Bâle.
Les vergers qui entourent le village donnent une impression de calme. contrairement à beauCoup de
villages-rues, Koetzingue apparait sous la forme d'un joli quadrilatère dessiné par ses rues principales et présente ainsi une disposition unique "en étoilé". Au coeur s'étend le TIEFEND, îlot de
verdure, qui, espérons-le, sera préservé de toute construction.
A l'approche de Koetzingue, le long des vallons tranquilles et par-dessus les collines, le regard porte
loin: A l'Est, elle est barrée par la Forêt-Noire tandis qu'au Sud se dessine la ligne du Jura et, par temps très clair le Massif de la Jungfrau. pour voir les Vosges, il faut grimper dans le
vignoble du Homberg, endroit superbe au milieu des bois.
A l'entrée de Koetzingue s'élève une vieille maison dîmière solidement bâtie avec d'énormes pierres d'angles
et des murs épais datant du 16ème siècle. Les fenêtres à meneaux tripartiques lui donnent un caractère particulier.
Dans la partie haute du village se trouvent deux maisons lui ressemblant qui appartenaient certainement à
l'évèché de Bâle, lequel avait une cour colongère à Koetzingue.
Aux 13ème et 14ème siècle une famille noble portait le nom du petit village, ce qui le fit un peu connaître
de par le monde.
La vieille église St.-Léger a été remplacée au siècle dernier par une plus grande, qui fut consacrée du même
nom.
En explorant minutieusement Koetzingue, on remarque un certain nombre de maisons d'habitation intactes en pierre,
perpendiculaires à la rue, dont les bâtiments d'exploitations ont été transformés par les exigences de l'agricultu~e.
Les maisons en pierres dites "gothiques" revêtent des formes différentes mais avec un fait à peu près constant. Leur
hauteur variant, rez-de-chaussée compris, de deux à trois étages au-dessus du sol plus deux étages de grenier. La galerie extérieure en bois est également un élément commun à la majeure partie de
ces constructions.
A Koetzingue construire en pierre était sans doute une affaire de prestige voire même un droit réservé. En effet, le
petite carrière de Koetzingue exploitée jusqu'au siècle dernier, n'aurait pas pu pourvoir aux besoins du village, par contre, les grandes forêts pouvaient fournir une grande quantité debois de
construction.
LA MAISON KESSLER - 1560 -
A l'origine, cette maison n'était pas habitée, mais seulement une "Zehntelhus", une grange dimière qui
servait également de refuge en cas de conflit.
La cave est à demi enterrée, le rez-de-chaussée donc nettement surélevé par rapport au niveau de la cour.
Sur le gouttereau de façade, une porte aux montants richement sculptés en permet
l'accès.
A l'étage, une porte datée de 1560, simplement sculptée d'un chanfrein en accolade sur la pointe perce le pignon arrière.
Elle permettait primitivement l'accès sur une galerie en bois qui flanquait la maison sur le pignon arrière et sur le gouttereau de façade.
On entre dans la maison par un couloir qui débouche d'un côté sur la "Stube" de l'autre sur de petites pièces latérales et en face sur une vaste cuisine attenante à la "Stube", où se trouve un système de chauffage traditionnel, le "Kachelofen" plus la "Kunscht", dont l'alimentation en combustible se fait depuis la cuisine.
La "Stube" occupe la plus grande partie de la largeur de la maison, à l'extremité de celle-ci, un
décrochement de refend délimitant la cuisine, permet l'installation d'une alcôve, le "Kammerle" Il semblerait que 1'existence de ce "Kammerle" soit ancien, l'arrêt du chanfrein aux trois quarts
des solives et sa reprise 50 cm plus loin vient le prouver.
La "Stube" étant la seule pièce chauffée de la maison, c'est dans l'alcôve que dormaient les grands-parents.
Les combles de la maison Kessler forment la partie archéologiquement la plus intéressante. Sa charpente n'a
pratiquement subi aucune modification depuis les années 1560. La panne inférieure repose sur le mur gouttereau, la panne médiane et la supérieure sont encastrées dans les deux murs pignons et
renforcés par deux étages de trois fermes.
La panne du bas et la panne du milieu sont tenues par des contreventements croisés deux fois, ce qui a pour
effet de dessiner un losange au centre et quatre triangles dans chacune des parties délimitées par les chevrons et les pannes.
Le toit est recouvert de tuiles plates en écailles (Biberschwanz) maintenues à l'aide dlun crochet. Un
élément parfaitement conservé incite à mettre en doute l'ancienneté du materiau de couverture.
Les murs gouttereaux et les murs pignons à leur sommet sont recouverts de dalles soigneusement taillées qui
débordent largement sur l'extérieur. Plusieurs interprétations sont offertes :
On peut imaginer que la charpente ancienne ne comportait pas d'inflexion, donc pas de coyaux, l'espace entre
les chevrons et l'extrémité de la dalle aurait donc été libre et aurait pu faire office de gouttière.
Cet élargissement des murs à leur crête aurait pu servir d'assise à une toiture autre que couverte de
tuiles, utilisant un materiau plus épais comme la chaume.
Enfin il est possible que seule la longueur des coyaux ait varié et que cette corniche servant à soigner
l'aspect de la maison, tout en fournissant un support à l'extrémité basse des coyaux.
Différents éléments permettent de penser que la maison avait également une intention défensive en effet,
puits et four à pain se trouvent à l'intérieur et non pas le premier à l'extérieur le second en encorbellement sur mur extérieur, comme cela est presque systématiquement le cas dans les
constructions des siècles suivants.